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Les élus de Corse attendent l'arbitrage de Lionel Jospin

Réunis pour la deuxième fois à l'hôtel Matignon, jeudi 6 avril, les parlementaires et les conseillers territoriaux de l'île veulent que le premier ministre fixe un calendrier et précise les modalités de la « consultation » qu'il avait évoquée pour définir un nouveau statut

Mis à jour le mercredi 5 avril 2000

LES MÊMES, quatre mois plus tard. Jeudi 6 avril, à 15 heures, vingt-huit élus de Corse , représentants des exécutifs insulaires et conseillers de l'assemblée territoriale de l'île , ont rendez-vous pour la deuxième fois avec Lionel Jospin et plusieurs ministres à Matignon. Le 13 décembre 1999, le chef du gouvernement leur avait demandé de « réfléchir à l'avenir de l'île » ; cette fois, selon la formule de l'ancien ministre Emile Zuccarelli (PRG), qui assistera à la rencontre en qualité de conseiller territorial, c'est la « correction des copies ». Avec une nouvelle donne : la discrétion de José Rossi (DL) - mis en minorité, le 10 mars, à l'Assemblée de Corse , qu'il préside - et le partage des élus en deux blocs, que l'approche de l'échéance parisienne a incités à la surenchère.

D'un côté, les « vingt-six » : derrière M. Zuccarelli, le RPR et les communistes sont farouchement hostiles à toute idée d'autonomie. De l'autre, les « vingt-deux » : un des plus modérés, Paul Giacobbi (PRG), resté soigneusement dans l'ombre jusqu'au vote du 10 mars, est à la tête d'un texte qui a rallié les nationalistes , les élus de Démocratie libérale, les « corsistes » et l'un des deux socialistes de Bastia, Laurent Croce. La motion du président du conseil général de Haute-Corse , quoique minoritaire, a été transmise à Matignon, aucun élu n'ayant voté contre, et M. Giacobbi est tenté, après l'effacement de M. Rossi, de tenter une synthèse plus tranquille.

A l'Assemblée nationale, après que les deux motions lui avaient été transmises, M. Jospin avait préféré insister sur les « nombreux points communs » entre ces textes ( Le Monde du 17 mars) ; mais, au fil des jours, les deux camps se cristallisent autour de la question de la dévolution, ou non, de « pouvoirs législatifs » aux élus de Corse ( lire ci-dessous). A la veille de « Matignon 2 », les deux parties ne semblent guère prêtes aux concessions. La tentative de synthèse du président du groupe Corse sociale-démocrate, Simon Renucci - qui, le 10 mars, avait fait bloc avec le RPR et les radicaux de gauche - est restée sans succès : sa lettre du 30 mars aux élus pour « tenter de renouer les fils du dialogue » n'a pas eu de réponse.

Pour M. Zuccarelli, l'octroi de tels pouvoirs est inacceptable. « Ce serait le toboggan vers l'indépendance », a-t-il répété, mardi, à Paris, lors d'une rencontre avec la presse, ajoutant : « Je doute que ces deux motions soient conciliables. » « La recherche d'une synthèse à tout prix ne serait pas le reflet de la réalité politique de l'île », renchérit, en Corse , le communiste Michel Stefani. De l'autre côté, les nationalistes insistent sur le « compromis historique » que représente leur renoncement, dans la motion qu'ils ont signée avec M. Giacobbi, à la reconnaissance juridique du peuple corse , à la « citoyenneté régionale » et, surtout, à leur demande d'amnistie. Jean-Guy Talamoni (Corsica Nazione) a répété, mercredi, sur France 2, que « les conditions d'un examen serein de la question de l'amnistie ne sont pas réunies aujourd'hui ».

Dès lors, estiment-ils, tout compromis entre les deux motions est « impossible ». Ce serait « une mauvaise synthèse, une mascarade », juge M. Talamoni. M. Croce n'est pas en reste. « Ceux qui parlent de synthèse, alors que les deux logiques sont inconciliables, sont ceux qui sont mal dans leur peau », dit le responsable socialiste, en écho à M. Giacobbi (lire ci-dessous). Autre sujet de débat, la consultation populaire sur l'avenir de l'île . « Tôt ou tard, les Corses auront leur mot à dire », a indiqué M. Jospin, pour qui l'issue du « dialogue politique » qu'il a engagé dépendra « des Corses eux-mêmes ».

Dès le 10 mars au soir, les signataires de la motion minoritaire avaient indiqué qu'ils déposeraient une motion à l'Assemblée de Corse pour demander un référendum sur l'octroi de pouvoirs législatifs à l'Assemblée territoriale. Pour contrer cette motion, les « vingt-six » ont fait adopter, le 24 mars, par 27 voix contre 23, un texte affirmant le « caractère incontournable d'une consultation populaire sur l'avenir de la Corse ». Formule floue, qui évite les mots qui fâchent et sur laquelle personne, en réalité, n'est d'accord.

M. Giacobbi, M. Rossi et les nationalistes souhaitent un référendum local , semblable à celui qui va être organisé dans l'île de Mayotte pour faire approuver par la population le statut de « collectivité départementale » ( Le Monde du 23 février). « Si on ne pose pas la question des pouvoirs législatifs, je suis d'avis qu'il ne faudrait pas participer au scrutin », menace M. Talamoni. Les opposants à l'autonomie plaident au contraire pour les autres formules : dissolution de l'Assemblée de Corse , voire référendum national approuvant un nouveau statut et une loi-programme, sous réserve de l'accord du président de la République. « Pourquoi poser la question du mode de validation avant de savoir ce qu'il y a à valider ? », interroge M. Zuccarelli.

Le premier ministre , qui introduira la réunion en donnant sa « lecture » des deux motions, souhaite éviter que le mode de consultation et la question à poser en cas de référendum n'occupent le centre des débats. Il devrait tenter auprès des élus une « maïeutique », pour savoir ce qu'ils entendent par « pouvoirs législatifs ». Si chacun, à commencer par les nationalistes , souhaite poursuivre le « processus », M. Jospin devrait annoncer la mise en place de groupes de travail, comprenant des élus corses et des fonctionnaires. La Place Beauvau en évoque quatre : « développement économique et social » ; simplification administrative et refonte des institutions (la réunion des deux départements fait l'unanimité) ; « transferts de compétences » ; enfin, enseignement de la langue corse en maternelle et dans le premier cycle. Pour preuve de bonne volonté, M. Zuccarelli a tenu à faire savoir, mercredi, qu'il s'était entretenu la veille avec le premier secrétaire du PS, François Hollande. Les « minoritaires » avaient rendez-vous, à Paris, dans les bureaux du corsiste Toussaint Luciani, pour peaufiner leur plan de bataille .

Ar. Ch.

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